dimanche 1 novembre 2015

Panama - part 1 - Atlantique

Samedi 24 octobre, 10h du matin après un dernier passage de l'armée à notre bord, nous avons enfin l'autorisation de quitter la Colombie. Dernier avitaillement de fruits et légumes, un petit coup de main à Jem qui part au Belize sur Heaven's door avec deux nouvelles recrues, et nous mettons cap plein ouest.

Pas de temps à perdre car nous sommes pressés de quitter la zone des 12 milles nautiques -il sera alors impossible pour l'armée de revenir essayer de nous reprendre- et surtout nous avons une destination qui semble fascinante : l'archipel des San Blas.



Un peu plus de 40h de moteur -zéro vent !- plus tard nous arrivons à "la piscine" qui se trouve être une mini baie entre trois îles des San Blas. 15m de fond, une eau transparente, des raies léopards qui font voler leur 1m50 d'envergure soit sous notre bateau soit 3 mètres au dessus de l'eau lors d'incroyables sauts, une petite île avec une cabane, bref c'est canon. Limite un peu trop propret. Nous achetons tout de même un déjeuner à la cabane, profitons de l'eau pour nous baigner et plonger et repartons le lendemain matin vers Ogoppukibdup -l'île des noix de coco- qui se trouve à environ deux milles nautiques à l'ouest.




Ogoppukibdup est habitée par Robinson et sa famille, nous mouillons l'ancre juste devant une petite plage où se trouve leur "habitation". Un catamaran de backpackers est déjà présent, nous opérons un rapprochement en vue de la fête. Il se trouve que le sus-mentionné cata fait à peine 40 pieds et transporte tranquillou 17 -sic !!- personnes : principalement des Australiens et des Autrichiens.
S'organise rapidement une java sur la plage, Robinson et sa famille fournissent les langoustes pour 7$ et les bières, nous nous occupons du dancing, du feu, et de bien finir les verres.

Le lendemain, alors que nous nous levons, le cata est parti et les Gunas -nom des indiens- hurlent nos prénoms :-D Nous remettons pied à terre, nous nous faisons offrir un café par les indiens -tandis que eux sont déjà au rhum, il est 9h du matin c'est raide- et après quelques échanges -mélange d'espagnol, d'anglais, de gestes, de rires, ...- nous nous retrouvons sur notre annexe à partir avec deux Gunas pour chasser le poisson. Merci Quentin pour ton harpon, nous avons pu -avec l'aide des Gunas- tuer deux magnifiques poissons : un bleu avec des reflets jaunes et un jaune avec des reflets blancs. Les Gunas peuvent, entre deux cigarettes, descendre à environ 15 mètres de fond, attendre le poisson 45 secondes puis remonter sans s'affoler. Inutile de vous dire que nous devons en les suivant reprendre trois fois notre respiration tandis qu'ils ne sont toujours pas remontés...

Nous sommes mercredi midi, nous avons deux poissons pêchés grâce au harpon, et nous les offrons derechef à Robinson et sa famille. Un de nos chasseurs nous demande d'utiliser notre dinghy pour partir chercher de la bière. Nous acceptons bien volontiers et il faut alors imaginer trois indiens partir vers nul part -l'île est très isolée surtout à l'échelle de notre toute petite annexe et de son moteur de 2 chevaux-, hilares, avec notre dinghy ! Nous en profitons alors pour faire la connaissance de Martine et Serge qui se baignent devant l'île.

Deux heures plus tard, nous apercevons très au loin un petit point rouge, qui semble se rapprocher. Hourra, nos Gunas reviennent !! Le dinghy ne dépasse alors qu'à peine l'eau, le moteur avance tout seul, les trois Gunas sont vautrés sur environ 200 bières dans le fond de l'embarcation. Ils sont complètement ivres, ravis de leur coup, et nous invitent donc à déjeuner. Déjeuner local, composé d'un bouillon de poisson -?- dans lequel flotte un peu d'huile et des bananes plantins bouillies accompagnées par un poisson grillé qu'il faut naturellement avaler à la main. Pas ragoutant, pas fameux, mais tellement gentil et pittoresque.  Les indiens refusent nos dollars pour le déjeuner, nous sommes hyper touchés et partons siester dans le boat pour digérer. En effet, la banane plantin c'est une espèce d'étouffe-chrétien qui couche un homme !

Le soir, nous sommes invités à dîner sur Altair, le très joli ketch de Martine et Serge. Serge passe nous prendre sur son annexe, car il faut être un expert du coin pour ne pas se mettre sur les récifs qui sont partout dans cet archipel. Pour parcourir le demi mille nautique qui sépare nos deux bateaux, nous sommes obligés de suivre un itinéraire qui est très loin de la route directe en ligne droite. Sinon c'est la sanction immédiate et nous finissons tous à l'eau pour nourrir les requins.
Le dîner fût très sympa, arrosé d'une très belle bouteille de Louis Jadot, et fût l'occasion pour nous d'écouter les mille histoires de Serge et Martine qui eurent même la bonté de nous remplir le disque dur de films, livres et autres guides nautiques.

Retour sur Avalon Explorer car le lendemain nous devons appareiller pas trop tard pour rejoindre Linton marina.

Départ jeudi matin vers 8h des San Blas et c'est reparti pour 10h de moteur jusqu'à Linton Marina. Malheureusement nous arrivons par nuit noire, et la carte n'indique pas que les pontons de cette marina en construction occupent le chenal. En les contournant, nous nous faisons une belle frayeur en touchant le fond avec notre quille. Fort heureusement, la vitesse est très réduite, nous arrivons finalement à nous dégager du récif et prenons un ponton.
Accostage parfait car bien aidé par nos voisins américains. Il est 19h, nous mettons pieds sur le ponton et apprenons qu'il n'y a ni eau, ni électricité, ni douche, ni toilettes, ni diesel, ...
Pas le temps de se lamenter que déjà arrive Adam le manager de la marina et avant même de commencer à discuter, nous sommes dans sa voiture pour aller à un barbecue tout proche. Ils nous invite, viande et boissons toute la soirée avec la petite communauté de voileux du village. Hyper sympa !

Vendredi matin, nous formons deux équipes : Pilou part avec Adam pour Portobelo -environ 30 km et 45 minutes en voiture- afin de faire les papiers d'immigration -ils ne vont pas nous avoir deux fois ces vils douaniers-, tandis que je pars à pieds trouver dans le village proche -environ 5 kms des cartes pour nos téléphones. Choux blanc sur le téléphone, mais Pilou revient avec des bonnes nouvelles : tout est ok à la douane, il a réussit à contacter l'agent pour le transit du canal, ... De mon côté, j'ai passé l'après-midi à faire de la mécanique avec le bon Olivier -un Français rencontré au barbecue la veille. Changement de courroie d'alternateur, nettoyage de l'huile qui fuit, remplissage du réservoir d'huile qui était vide, ... -toutes ces choses que nous ne faisons pas par incompétence et qui pourtant sont essentielles.
Nous nous attelons aussi en fin d'après-midi à réparer le moteur de l'annexe que j'ai eu le mauvais goût de faire tomber à l'eau lors de notre départ des San Blas. Le bon Oliv' est même obligé de plonger avec ses bouteilles car le bouchon du réservoir d'essence, une fois dévissé, à l'heur de retourner dans le fond des eaux crasseuses de la marina... La loose totale...

Le soir vers 19h, nous recevons enfin la visite de la bonne Suzy. Elle est très importante car Suzy va s'occuper de tous les tracas administratifs et pratiques de notre traversée du canal. Suzy parle très bien le Français, l'Anglais, l'Espagnol, l'Italien, ... Elle nous explique tout le processus et nous annonce rapidement que si nous souhaitons passer rapidement cela va être difficile car le 4 novembre est la fête nationale. Or nous devons absolument payer le solde du passage à la banque et qu'il n'y a qu'une petite chance que la banque soit ouverte lundi matin -tout le reste de la semaine est chômé ! Avant cela, nous devons régler tous les papiers, trouver 2000$ en cash et faire mesurer le bateau par un employé du canal.

Samedi matin, aux aurores Pilou prend un bus pour Portobelo. 1h30 d'attente de bus, puis 35 minutes jusqu'à Portobelo, pour finalement entendre qu'il n'y a plus de cash dans la machine. Il en prend vite un deuxième pour atteindre Sabanitas, encore 1h de bus, prend la monnaie, avale un burger et essaie de rentrer. De mon côté, je pars le matin avec Suzy et Matt -son BF- pour Panamarina, une marina voisine de la notre, mais tenue par des Français et dans laquelle nous trouvons : un scanner pour envoyer tous les documents par email aux autorités du canal, des cartes de téléphones pour avoir internet et appeler le pays, du pastis, des rognons de veaux, ... Un café, 10 mails, 4 scans, un croque madame et une bière plus tard je rentre au bateau pour attendre Pilou. J'en profite pour régler le soucis d'électronique et retenter d'agir sur le sort du moteur de l'annexe. À 18h, lorsque Suzy vient enfin me rechercher au bateau les nouvelles sont très bonnes : Pilou a confirmé avoir trouvé le cash, Suzy nous annonce que nous avons un rendez-vous pour la mesure du bateau le lendemain -dimanche donc- entre 7h et 12h, l'électronique refonctionne, le moteur du dinghy refonctionne, ... Parfait, nous retournons à Panamarina pour passer la soirée d'halloween. Pilou nous rejoint finalement en bus, il aura passé la journée à courir de bus en bus. Moyen de transport bon marché, mais imaginez un bolide jaune, vieux, conduit très rapidement, dans lequel il y a tellement de gens que beaucoup sont débout, avec la porte qui s'ouvre tandis que le bus roule à fond et la musique qui hurle !! La belle affaire.

Nous rentrons après le dîner d'halloween au bateau, car nous avons 6h de navigation pour atteindre Colon : l'entrée du canal et surtout le lieu où nous devons être mesurés. Arrivée à Colon ce matin à 5h30, deux heures de sommeil et l'expert arrive à bord. 20 minutes plus tard tous les papiers sont ok, le bateau est mesuré, Suzy a tout. Nous attendons maintenant de savoir si elle peut payer demain matin et ainsi si nous pouvons passer cette semaine. Sinon, nous devrons attendre la semaine prochaine.

Pour le moment, nous sommes ancrés devant le club nautique de Colon. Endroit moche, sale, coincé entre des gros navires de commerces qui chargent et déchargent tout sorte de marchandises et des bateaux abandonnés. Demain matin nous saurons si nous pouvons passer. Stay tuned.

PS : Si vous souhaitez traverser le canal, nous ne saurons que vous conseiller de passer quelques jours au San Blas puis de rejoindre Panama à Linton Marina, Panamarina ou Portobelo. De là, joignez Suzy : +507 6556-7259 ou deimarpanama@gmail.com. C'est beaucoup plus sympa, et joli que d'arriver à Colon ou à Shelter Bay et d'attendre...

La bonne bise,

Pilou et Driou



































7 commentaires:

  1. Belles photos (sauf les portraits peut-être, ça doit être une question de sujet), histoires haletantes, écriture fluide: merci les gars de garder le cap sur l'alimentation du blog, vous faîtes de nombreux heureux en France, ne serait-ce que par procuration!

    Toto

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Quel coin magnifique, bravo pour le style c'est excellent!

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  4. Quel coin magnifique, bravo pour le style c'est excellent!

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  5. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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