dimanche 28 février 2016

Beaucoup de canaux dans le dos

Les canaux patagons sont dans notre dos. Magellan, c'est fait et dépassé ; Beagle, c'est fait et dépassé, Le Maire, c'est fait et dépassé ; ...

Nous naviguons enfin en pleine mer, sans le soucis d'éviter la côte sur chaque bord. Notre éloignement du Cap Horn s'est fait d'abord par un vent portant assez plaisant puis, une fois Le Maire passé, nous avons subi quelques heures de pétole pour finalement rencontrer un vent de nord nord ouest qui nous tire tantôt très au près, tantôt au travers.

Mine de rien, nous traçons de la route ; et même si nous n'atteignons pas encore les vitesses des alizés ou des canaux avec 20 nœuds dans le tableau arrière, nous sommes plutôt satisfaits du comportement d'Avalon.

À bord, chacun a repris ses habitudes entre quarts nocturnes, siestes diurnes et apéros vespéraux. Nous avons fort heureusement quitté le Chili avec de grandes quantités de Clos de Pirque -- en magnum ou en demi -- ce qui nous permet d'améliorer l'ordinaire le dimanche et de nous confectionner un petit vin chaud de temps en temps. Ce vin est décidément un symbole fort de notre tour de l'Amérique du Sud, puisqu'il nous suit depuis les San Blas il y a presque 5 mois.

Actuellement, nous faisons une route très nord à près de 500km des côtes argentines et 50km des îles Falkland sous grand-voile prise au deuxième ris et génois à moitié déroulé. Nous pensons continuer dans cette direction pendant encore au moins 3 jours, puis nous chercherons un point d'atterrissage pour déposer Emmanuel dimanche prochain et embarquer Martin. Le papa de Pilou nous quitte pour retrouver sa famille, sa Provence et la taille des vignes par avion le 8 mars. Ainsi nous le déposerons au plus tard le six pour qu'il puisse prendre ses dispositions et rallier l'aéroport de Buenos Aires à temps.

Dans le même temps, nous accueillerons Martin pour finir la navigation jusqu'à Mar del Plata, ou peut-être Buenos suivant nos envies et pour visiter un peu l'Argentine. Nous reprendrons notre route ensuite vers le nord à la recherche des Alizés qui nous porteront jusqu'aux Antilles.

LBB,

Manu, Pilou et Driou,

Position : 52°00'35"S 62°00'31"W
Vitesse : 5 nœuds
Cap : 0°
Vent : 12 nœuds du 250°
Météo : beau temps froid
Mer : pas très énervée
Chemin parcouru : 305 milles
Chemin restant : 861 milles

PS : ça se réchauffe un petit peu, mais ça reste toujours très humide.
Nous sommes en pleines zone de guerre Anglo-Argentine mais pour le moment tout est calme.
L'eau est toujours à 5°C, nous ne pouvons toujours pas nous baigner.
Pour les plus dubitatifs d'entrevous, les photos du cap dur seront transmises sur le blog à Mar del Plata.
Martin, ne t'encombre pas avec tes cirés car on en a à bord pour toi et il n'y en aura nous espérons plus trop besoin.

jeudi 25 février 2016

Boucherie charcuterie sur Avalon Explorer

Ça a saigné ! Faut dire que Pilou, qui avait oublié son matériel de perceur en Bretagne, ne disposait que d'un vieux clou rouillé pour faire son office. Nous voilà tous décorés à l'oreille gauche à 7h le jeudi 25 février 2016. Emmanuel a même insisté que nous lui percions le nez, espérons que ce nouveau style punk barbu plaise à Dominique...

Plus sérieusement, nous sommes partis mardi de Puerto Williams pour une petite navigation de 24h pour rallier le cap Horn. C'était sans compter sur les vents debout qui nous ont fait tirer des bords carrés avec un anémomètre devenu fou. Les milles étaient chers, nous avons bataillé et c'est seulement ce matin mais avec une grande émotion que nous avons franchi le cap mythique.

Les panneaux solaires se sont cabrés, notre ligne de sécurité en cas d'homme à la mer est partie sans homme ... à la mer, la pagaie du dinghy a décidé de poursuivre la route seule en direction de l'Antarctique tandis que Pilou luttait pour faire entendre raison à notre annexe et la ferler plus solidement encore sur le pont. Un jerrycan pourtant fermement accroché sur les filières bâbord devait être très amoureux de la pagaie, puisque ce matin nous déplorons aussi sa disparation. Enfin, une des frontales a suivi le même chemin ; nous n'avons pas été épargnés mais maintenant c'est piercing et surtout le droit de pisser au vent. Quoique pour cette dernière assertion nous allons attendre
d'être dans des latitudes plus tropicales pour vérifier car si ce n'est qu'une légende il sera bien de pouvoir prendre une bonne douche.

Mercredi donc, vents de face, mer dure sans être énorme, mais nous progressons très mal vers l'ouest. Finalement nous passons la dernière pointe au degré près en face du "Falso Cabo de Hornos" puis c'est la pétole qui nous cueille.

Pétole accompagnée tout de même par la grosse houle du large. Finalement, après l'omelette qu'Emmanuel nous a préparée vers six heure et demi du matin, nous avons pu déboucher le champagne à 7h, Neptune, Eole et Avalon ont eu leur part.

Maintenant, nous mettons cap nord nord est vers le détroit de Le Maire et surtout nous rentrons à la maison. Nous devrions arriver à Pencadenic le 15 août vers 13h30 ou par là. Comme le disent les livres qui traitent de la navigation dans le coin, nous risquons encore de gros coups de vent mais moralement, chaque mille parcouru nous éloigne du dur.

Le cap Horn est dans le tableau arrière, nous sommes sur le retour.

LBB,

Manu, Pilou et Driou,

Position : 56°03'11"S 67°12'35"W
Vitesse : 6 nœuds
Cap : 70°
Vent : 10 nœuds du 300°
Météo : froid et humide
Mer : grosse houle
Chemin parcouru : 0 milles
Chemin restant : 1150 milles

PS : bon anniversaire Capucine.
Martin, nous avons besoin de fromage, de saucisson et d'un beau drapeau français.

dimanche 21 février 2016

En standby à Puerto WIlliams

Nous sommes bien arrivés hier peu après minuit à Puerto Williams. La marina est très étonnante car pour ponton il s'agit en fait d'un ancien bateau le Micalvi qui a été échoué à dessein et qui sert pour s'amarrer. Bien évidemment nous sommes à couple et il nous faut traverser pas moins de six bateaux pour atteindre la terre ferme.

Voici quelques photos de notre descente des canaux, de la soirée crêpes, de nos pains, ...






































samedi 20 février 2016

Objectif Puerto Williams

Dernière ligne droite avant Puerto Williams qui sera notre dernière étape Chilienne. Hier, lors d'un court passage dans le pacifique, le coup de barre vers le large nous démangeait et nous nous sommes tâtés pour passer le Cap Horn en faisant les extérieurs. Mais les obligations douanières et le risque d'un gros coup de vent nous ont ramenés à la raison et nous avons embouqué le détroit de Beagle.

Ces trois derniers jours ont été intenses. En rencontre tout d'abord car dès l'entrée dans Magellan nous nous faisions dépasser par un yacht canadien avec qui nous avons échangé quelques mots sympathiques naviguant bord à bord de brefs instants. Ils étaient plus rapides de 50%, mais nous ont donné rendez-vous à Puerto Williams et nous leurs avons demandé de faire préchauffer les douches car le froid et l'humidité deviennent très pesant. Puis, ce fût un Allemand basé au Chili que nous croisâmes et avec qui nous avons échangé quelques mots par VHF. À chaque fois ces échanges sont quelque peu vexants lorsque commencés en anglais rapidement nos interlocuteurs me demandent si ça ne serait pas plus simple en français... Troisième rencontre, toujours dans Magellan avec un bateau français. À l'instant où j'écris ces lignes alors qu'il n'est même pas 7h du matin, nous croisons la route d'un autre bateau français.

Décidément, il aura fallu naviguer par 55° sud pour faire des rencontres.

Intense aussi en chemin parcouru, car nous tenons des moyennes de vitesse à plus de six nœuds et hier à plus de sept ! Naviguant entre 150° et 170°, la navigation est rapide, simple et nécessite juste une concentration poussée du barreur. Nous barrons chacun un peu plus de quatre heures par jours, ce n'est pas la mer à boire. Mer d'ailleurs qui ne serait pas désagréable à boire puisqu'avec tous les glaciers, toutes les cascades et tous les nuages qui viennent déverser leur eau douce, elle n'est presque pas salée.

Aujourd'hui nous tentons un pari, celui de rallier Puerto Williams pour y passer la soirée. Ça va être serré parce qu'il va falloir parcourir plus de 100 milles nautiques. Mais nous sommes impatients de toucher terre. De plus, le baromètre a perdu en 24h quelques 40 millibars -- il était au réveil à 970 !!
Nous suivons très attentivement sa "chute" --, ce qui laisse augurer une très creuse dépression au sein de laquelle il ne va pas faire bon de se trouver.

Pas d'inquiétude, si nous sommes courts en temps avant la nuit, nous pourrons toujours trouver une petite Caleta référencée dans la bible qui nous fera un très bon abri et nous attendrons Puerto Williams demain pour déjeuner.

Le programme à terre est assez simple : douche, douanes, courses de bouffe, petit plein de gasoil et surveillance de la météo pour trouver une fenêtre pas trop défavorable afin d'aller passer le Cap Horn et repartir vers l'Argentine. Nous allons tenter de naviguer jusqu'au plus nord possible pour déposer
Emmanuel à terre aux alentours du 5 mars afin qu'il puisse rejoindre Buenos Aires et son aéroport pour un décollage le 8 mars.

LBB,

Manu, Pilou et Driou,

Position : 54°53'35"S 70°25'01"W
Vitesse : 5 nœuds
Cap : 80°
Vent : 5 nœuds du 240°
Météo : pluie 9 jour sur 10. 10°C
Mer : belle
Chemin parcouru depuis Puerto Eden : 377 milles
Chemin restant : 125 milles

PS : merci à vous de nous avoir réchauffés avec vos nouvelles émouvantes
Si nous arrivons avant dimanche soir, nous aurons réussi notre pari fait avec Élodie de Mouss qui consistait à naviguer en moins de dix jours jusqu'à Puerto Williams. Va falloir maintenant nous envoyer la bouteille de vin promise ;)
Martin, nous avons bien eu ton message. Prépare ton sac, nous t'accueillerons avec plaisir. Demain ou lundi, nous essayerons de t'appeler pour les détails logistiques.
Les deux bateaux rencontrés à Puerto Eden n'étaient pas caphorniers, pour les autres, nous ne savons pas.

mardi 16 février 2016

Un peu d'eau froide dans le 51

Trois jours que nous cherchons le titre de ce livre de Françoise Sagan ! Finalement, c'est revenu à Emmanuel cette nuit, il s'agit "d'un peu de soleil dans l'eau froide". Nous préférons le titre de ce billet de blog car il s'adapte parfaitement à ce que nous vivons depuis dimanche ; laissez-nous vous  expliquer comment.

Samedi soir, nous sommes arrivés à la Caleta Sally après avoir guerroyé contre le vent. Comme nous l'avons déjà écrit, ici le vent et le courant sont du nord. Or pour rejoindre le glacier Pie XI, il fallait faire du nord... Nous avons durant de longues heures bataillé dans une quinzaine de nœuds contraires
en tirant de multiples bords, sous une pluie battante, pour enfin arriver à notre abris pour la nuit. Stupeur, il y a déjà un voilier qui squatte !

Heureusement, la crique est grande et super bien abritée, nous ancrons à côté d'"Amaria" -- un superbe voilier néozélandais habité par un couple parti depuis... seize ans --, et c'est parti pour .... les crêpes. La pâte avait reposé toute la journée, Emmanuel et Pilou furent de brillants jongleurs en
faisant Manuel Valser les crêpes dans tous les sens. Le bateau complètement fermé, la gazinière a aussi servi de chauffage pour quelques instants. Soirée animée à bord d'Avalon Explorer, même si les voisins kiwis restent sourds à nos appels à l'apéro par VHF.

7h dimanche matin, nous mettons en route pour les trois milles qui nous séparent du glacier, il fait beau ! Hourra, la vision qui nous est offerte est saisissante, l'énorme masse d'eau glacée vient mourir devant notre étrave et décharge ses icebergs dans des bruits de détonation assourdissants. Café, puis
recafé, nous peinons à nous rassasier de cette vue, de cette ambiance, et à prendre les photos avec le bon angle, le bon soleil, etc. En plus d'Amaria, se trouve sur zone le Queen Mary 2 qui avec ses 341 mètres de long et ses milliers de passagers, nous impose de chanter Michel Sardou à la gloire de feu de le France. Nous récupérons quelques glaçons avec notre dinghy, et c'est ainsi que pour le pastis dominical nous bénéficions d'eau bien fraîche ! D'où le titre. Nous avons aussi refait un pain, c'est décidément un dimanche sous le signe des produits frais.

Nous dormîmes dimanche soir à l'estero Dock, sorte de petit fjord dans l'ouest du canal wide. Pour que vous puissiez vous imaginer notre navigation, il faut visualiser ce que nous appelons les canaux. Ce sont des chenaux de mer engoncés entre des montagnes assez hautes. Parfois larges de plusieurs milles, parfois de seulement quelques centaines de mètres, parfois moins : par exemple pour rentrer dans notre fjord, la passage ne faisait que 15 mètres. Nous progressons donc la plupart du temps avec un homme de quart à la barre, le génois seul, et entre 15 et 20 nœuds de vent arrière. Comme les canaux sont assez protégés, la houle n'est jamais grosse. Les sommets que nous longeons sont pour la plupart enneigés et parsemés d'arbres. Les chutes d'eau sont plus que nombreuses et nous impressionnent par le volume qu'elles déversent dans l'océan.

Hier nous sommes partis sous la pluie avec un vent un peu plus soutenu que la veille. La journée a été très sportive car le vent est monté jusqu'à une quarantaine de nœuds mais toujours dans le bon sens. Seuls les willywalls -- sorte de tourbillons diaboliques qui emportent plus de soixante nœuds de vent
-- nous mettaient en travers sur le flanc nous obligeant à lâcher les voiles. Nous avons parcourus plus de 98 milles nautique dans la journée à quelques 7,5 nœuds de moyenne !! Pointes à 10,5 nœuds, record du bateau battu. L'arrêt fût moins plaisant car l'enrouleur était bloqué et Pilou a dû aller défaire
le bout coincé en affrontant embruns et voile rageuse. Nous avons passé la soirée dans la caleta Damien, pas très bien abritée, mais comme il ne pleuvait plus, Emmanuel nous a allumé un feu sur la berge. Ambiance ! Il avait plus toute la journée, nous sommes par 51° sud, la pluie était glaçante -- d'où le titre² --, ce feu nous a séché et réchauffé.

Nous repartons ce matin avec le secret espoir d'atteindre le détroit de Magellan dans la soirée et de continuer à naviguer cette nuit.

Prochaine vraie escale à Puerto Williams dans 5 jours sûrement.

LBB,

Manu, Pilou et Driou,

Position : 51°22'27"S 74°04'41"W
Vitesse : 7 nœuds
Cap : 155°
Vent : 20 nœuds du 240°
Météo : pluie 9 jour sur 10. 5°C
Mer : belle
Chemin parcouru depuis Puerto Eden : 140 milles
Chemin restant : 364 milles

PS : nous regrettons franchement un chauffage de bord

samedi 13 février 2016

Puerto Eden

Déjà cinq jours que nous n'avons pas écrit, mais nous avons une excuse ! Nous nous sommes arrêtés et, qui dit escale, dit perte de l'inspiration.

Notre dernier message date du canal de Moraleda, que nous avons fini de franchir par nuit noire et 17 nœuds de vent du nord, sous génois seul à plus de six nœuds. Puis il a fallu mettre un bon coup de barre à gauche pour franchir le tortueux canal de Darwin et enfin nous retrouver dans l'océan. Retour de la grosse houle, et 70 milles plus tard nous étions dans le renommé golfe de Penas.

La traversée du golfe s'est faite de nuit, par un vent et une mer constante. "fingers in the nose" comme dit Emmanuel. Au petit matin, après un petit échange avec les soldats de la marine chilienne par VHF, nous avons pu nous engager dans le canal Messier et poursuivre plus au sud.

Vers 11h, mercredi matin, Pilou se réveille et là stupeur, alors qu'Emmanuel est de veille dans le
cockpit, la carte sur l'ordinateur de bord indique que nous naviguons au milieu d'une île. Pourtant pas de choc, pas de signe qui indiquerait que notre bateau soit sorti de l'eau pour "faire route" sur terre...
C'est simplement que les cartes CM93 du coin ne sont pas bonnes et qu'ainsi notre position est fausse d'au moins 1,5 milles nautiques. Danger, surtout pour les navigations de nuit. Pour mémoire, la nouvelle lune a eu lieu il y a quelques jours seulement et la nuit est noire de chez noire.

Nous devons donc prendre la décision qui s'impose, et stopper le bateau au crépuscule pour ne reprendre la navigation qu'à l'aube vers 6h30. Notre premier arrêt s'est fait à la Caleta Morgane, du nom du voilier français qui a exploré les lieux en 1996 pour la première fois. Mise à l'eau du dinghy, mouillage de l'ancre par 8 mètres de fond et surtout amarrage d'Avalon Explorer aux arbres qui peuplent la berge. En effet, dans les canaux, les coups de vents peuvent être soudains, la tenue des fonds incertaine et les Caletas très étroites. Ainsi, pour éviter que le bateau aille s'échouer, nous mouillons l'ancre à la proue et relions la poupe à des points fixes à terre grâce à deux grosses haussières de 200 mètres acquises à Valparaiso. Quelle aventure ! De vrais Robinson en bivouac sur une île déserte par près de 9° sud. Extra.

Jeudi matin nous remettons en route dès potron-minet et atteignons sous génois seul dans une belle brise Puerto Eden qui était notre objectif. Dans la petite baie de ce minuscule village, nous mouillons à côté de deux autres voiliers. Grosse surprise de retrouver des "collègues" si loin de tout, et encore
plus grosse surprise quand il s'avère que ces nouveaux compagnons sont tous Français avec d'une part Isabelle et Georges sur Loul, partis de Martinique et remontant vers le nord, et d'autre part Élodie, Nora, Kevin et Alex sur Mouss, trois Bretons et une Alpine du sud, qui font route eux aussi vers le nord.

Décidément les voyageurs du bout du monde sont du pays. Il est environ 15h quand nous arrivons à Puerto Eden, aussi nous décidons d'aller à terre pour présenter nos salutations à la navy locale et nous sustenter dans une auberge. Double erreur, la navy habite de l'autre côté d'un bras de mer, si bien que
nous nous contenterons d'un bisou lancé par VHF, et surtout... il n'y a rien dans ce bled, pas un restaurant, pas une route, pas un hôtel, rien. C'est la première fois que nous visitons un village seulement tourné vers la mer, sans aucune route qui y vient ou qui en repart. La seule "voie" est un chemin de planches de bois qui longe la côte et dessert les habitations qui tiennent plus de la cabane que de l'hôtel hausmanien. Deux petites épiceries qui vendent trois tomates, du lait concentré, un rasoir, deux paquets de pâtes, et du vin en brique. Pour notre déjeuner ce sera donc reste de riz de la veille et saucisses à bord de notre boat.

Nous finissons malgré tout par trouver le parrain du village, José Naviro, qui nous invite chez lui pour prendre une douche et qui accepte de nous vendre du gasoil ... contre des euros ! Parfait car nous manquons de "plata" locale et le gasoil nous est indispensable pour continuer à naviguer dans les canaux.

Nous utiliserons malgré tout quelques pesos pour nous enquérir de deux jolis magnums de vin et de deux paquets de chips pour organiser un apéro avec Mouss et Loul. Appel par VHF sur le 16 pour prévenir nos compagnons français que le vin sera servi d'ici 10 minutes et tout le monde arrive dans le carré -- 9 personnes tout de même dans notre bateau de 10m. Apéro hyper sympa avec des vrais marins qui viennent de Puerto Williams et nous donnent ainsi plein de conseils utiles. Nous avons pu observer un vigneron français, Emmanuel, servir du vin en brique dans des gobelets en plastique...

Nous finissons la soirée à trois, jusqu'à tard dans la nuit.

Vendredi c'est repos, nous allons juste chercher le gasoil et faire une petite marche dans le village. Toute petite marche, le village n'a que 176 habitants, ce n'est vraiment pas grand.

Finalement, nous sommes repartis ce matin, samedi, à 6h30 et mettons cap d'abord au sud, mais très rapidement nous referons du nord, car nous souhaitons nous arrêter devant le glacier : Ventisquero Pio XI. Allez voir sur google, ça a l'air splendide, et Emmanuel nous a promis une soirée crêpes devant ce glacier qui vient mourir dans la mer. Nous nous permettons cet écart culinaire en plein carême parce que, premièrement, nous avons loupé le mardi gras et deuxièmement nous nous disons que dans l'hémisphère sud comme tout est inversé, peut-être que le carême n'est pas en ce moment...

Excuses bidons d'accord, mais nous ferons nos ave et nos pater demain dimanche avec la traditionnelle diffusion de la play liste sacrée sur la sono du bord.

Nous essaierons de vous envoyer des photos quand nous serons à Puerto Williams, notre prochain port d'ici une bonne dizaine de jours.

LBB,
Manu, Pilou et Driou,

Position : 49°20'51"S 74°23'19"W
Vitesse : 5,8 nœuds
Cap : 185°
Vent : 10 nœuds du 20°
Météo : pluie 9 jour sur 10. 8°C mais ressenti -25°C
Mer : belle
Chemin parcouru depuis Puerto Eden : 15 milles
Chemin restant : 475 milles

PS : nous commençons sérieusement à regretter un chauffage de bord

lundi 8 février 2016

58 du bout du monde

Engoncés dans les cirés, nous avons maintenant parcouru un peu plus de la moitié des 40e rugissants. Partis depuis samedi 14h de la marina de Quinched -- désolé Jean, je n'ai pas pris le temps de vous envoyer un petit email --, nous avons super bien avancé tantôt à la voile, tantôt au moteur ces
derniers deux jours.

Notre escale à Chiloé s'est déroulée en deux temps. Premier arrêt, jeudi 4 février matin, à Ancud, charmante bourgade d'un peu moins de 27000 habitants dans le nord de l'île. Cette escale nous a permis de faire le nécessaire avec l'armada de Chile, de déjeuner et surtout d'attendre la bonne marée pour embouquer le chenal de Chacao entre le continent et l'île de Chiloé. En effet, lorsque la marée est descendante le courant dans ce canal est d'environ 7 nœuds vers le large. Or à pleine puissance nous faisons 5 à 6 nœuds : pas bon. En revanche, nous avons frôlé les 10 nœuds sur le fond grâce à la marée montante et 18h plus tard, nous accostions à la marina de Quinched entre Castro et Chonchi.

Cette marina est très jolie, perdue à 15km de l'agglomération. Les tarifs sont américains aussi nous décidons rapidement de ne rester qu'une seule nuit.
Emmanuel en profite pour remonter en haut du mât et contrôler encore une fois que tout est bien en place. Nous faisons une grosse sieste, puis prenons un taxi pour aller dîner à Castro avec ... les Vitoux -- Sophie, Bernard, Antoine et Martin ! Les Nivernais sont présents partout même au fin fond d'une île du sud Chili. Grand dîner, grandes rigolades, nous rentrons au bateau avec l'accent du pays.
Samedi matin, Emmanuel et Pilou partent en taxi pour acheter du gasoil, pendant que je fignole, grâce à la bible déjà mentionnée, notre navigation dans les canaux.

Nous naviguons donc depuis deux jours d'abord dans le Golfo Corcovado, puis dans le canal Moraleda. Navigation déroutante, entre les montagnes. Cette nuit -- il est 5h du matin quand j'écris ces lignes --, c'est un peu plus chaud, Pilou a fini son quart trempé par la pluie, un bon vent entre 15 et 17 nœuds nous pousse à 6 nœuds mais le canal se rétrécit. Nous sommes parfois obligés de passer dans des endroits larges de moins de 1,2 milles nautiques, par nuit noire, pluie abondante, vent "rafaleux" et visibilité zéro. Un œil sur le chemin pour détecter les autres embarcations qui ne manquent pas dans le coin, et un autre sur la carte du GPS. Pour l'instant, nous avons fortement réduit l'allure pour "attendre" dans un bassin un peu plus large que le jour se lève.

Prochaine étape : retour vers le Pacifique. Nous sommes obligés de quitter les canaux pour repasser dans le Pacifique et traverser le Golfo de Penas. Dès que nous aurons un peu de lumière, on va mettre un coup de barre à tribord, passer dans le canal Darwin et nous devrions être en pleine mer dans
une douzaine d'heures.

Hier c'était dimanche, aussi nous avons réalisé notre premier pain. Nadine nous avait prévenus : c'est crétin à faire. Sa recette est tellement bonne que nous avons réussi et avons pu manger du pain frais.

Le prochain arrêt sera Puerto Eden où nous devrions arriver jeudi ou vendredi.

LBB,

Manu, Pilou et Driou,

Position : 45°20'02"S 73°38'33"W
Vitesse : 5,5 nœuds
Cap : 155°
Vent : 13 nœuds du 0°
Météo : drache, pluie très drue
Mer : hachée de petites et mauvaises vaguelettes
Chemin parcouru depuis Valdivia : 329 milles
Chemin restant : 680 milles

PS : pas trop de ps aujourd'hui, à part que vive l'AJA qui a corrigé Clermont \o/

vendredi 5 février 2016

Chiloé pics and vidéos

La star locale de la chanson


les baleines entre Valpo et Valdivia




Les requins et ceux qui osent les défier



Et quelques photos en vrac










jeudi 4 février 2016

Ici Daddy

Je profite d'une indisposition gastrique d'Adrien due à une exagération de lucums au petit-déjeuner, et du sommeil réparateur de Pilou après son quart, pour prendre la plume électronique. Une première !

Nous avons quitté Valdivia avant-hier matin à six heure par un bon vent de sud de 12 nœuds. Et après avoir parcouru 50 milles ouest, puis 50 milles est, nous nous sommes retrouvés hier matin au point de départ. C'est pourquoi je prends mon quart au moteur direction plein sud, espérant arriver à Chiloé jeudi soir où un coup de vent est annoncé.

Valdivia est situé au confluent d'une demi-douzaine de fleuves dans une nature luxuriante. Au ponton du yates club, le dinghy s'est reposé et l'accueil était des meilleurs comme partout au Chili.

Notre QG s'est établi au Cosas Ricas où Adrien a décroché une serveuse (Ataly) pour nous emmener à la célèbre fête de la bière des brasseries Kuntsmann avec élection des reines. Nos amis Soël et Marie-Clémence, connus à Valparaiso, nous y ont rejoints. Les garçons étaient ravis de se faire prendre en photo au bras des miss (moi aussi) et de danser au son de l'orchestre bavarois (photos et vidéos à venir). Finalement, les chopes n'ont été que de bière !

Dimanche, après le prix d'Amérique, nous sommes invités à déjeuner chez les Cyprés. Couple belge installé ici depuis cinq ans, connu au Yates Club. Nadine nous a reçus comme une maman et nous a régalés. Et Marc ayant un peu chaud a du quitter ses bretelles. Merci de votre accueil et des services rendus.

Administrativement, les passeports des garçons sont prolongés.
Adrien s'est procuré la bible du cap hornier (Patagonia & Tierra del Fuego Nautical Guide de Mariolina Rolfo et Giorgio Ardrizzi, +400 mouillages possibles dans les canaux), nous voilà rassurés et vous aussi. Il a aussi un peu pris l'accent belge, Pilou n'a pas pris l'accent.

Nous nous faisons bercer par le vent, le vin, les vagues et parfois même le vague à l'âme quand nous pensons à vous.

LBB,

Manu, Pilou et Driou,

Position : 41°39'44"S 73°58'25"W -- vous les sentez les 40e rugissants !?!
Vitesse : 5 nœuds
Cap : 150°
Vent : 10 nœuds du 180°
Météo : ciel bleu
Mer : agitée
Chemin parcouru : 115 milles
Chemin restant : 900 milles

PS : Bon anniversaire Maman/Sylvie.
Bravo Constance pour ton CDI/maison/appart/...