samedi 30 avril 2016

Ilha Grande et Rio de Janeiro

Nouvel ordinateur, nous pouvons reprendre les publications dans des conditions acceptables.

Nous sommes donc arrivés samedi dernier en fin de matinée à Sitio Forte qui est une des baies les plus "visitées" d'Ilha Grande. Pour vous mettre dans l'ambiance, il faut imaginer qu'Ilha Grande est une superbe île entourée d'une multitude de petits îlots à moins de 60 milles de Rio. Ainsi quand nous  arrivons le samedi peu avant midi, nous ne nous doutons point que quelques heures plus tard la baie sera remplie par des yachts plus ou moins grands, chacun emportant passagers, personnel de bord, et boissons plus ou moins alcoolisées. Sitio Forte devient rapidement un mix entre une immense boite de nuit en plein air et un centre de vacances où tout le monde s'égaye dans l'eau. Vraiment très marrant.

Le dimanche, alors que nous nous levons pas de très bonne heure, nous mettons cap sur le Saco do Ceu qui est une anse très protégée du côté est de l'île. En chemin, nous sommes interpellés par un gros catamaran -- Happy Nest II -- qui apercevant notre pavillon a eu très envie de parler Français. Il s'agit de trois couples argentins qui ont loué pour une semaine de croisière dans le coin ce gros cata et dont un des couples a vécu dix ans en France. Nous prendrons ensemble l'apéro à Saco de Ceu le soir même. Verre très sympa et c'est aussi l'occasion de ressortir nos rudiments d'Espagnol !!

Nous partons le lundi en direction de Rio après un dernier stop à enseada da Palmas où nous nous offrons un superbe déjeuner sur la plage concocté par le "meilleur cuisinier de l'île". Dans le cours de l'après-midi, nous pointons l'étrave d'Avalon Explorer plein est, nous avons un peu plus de 120 km à parcourir pour arriver le lendemain matin à Rio.


Trajet sans grande fantaisie, le moteur fait son travail à 1500 tours/minute et nous arrivons mardi matin dans un temps superbe d'abord devant Ipanema, puis Copacabana, puis le Pain de Sucre, le Corcovado plus loin, ... Bref, entrée incroyable dans cette baie qui accueillera bientôt les épreuves olympiques. Échange d'amabilités avec le yacht club de Rio par radio et ils nous demandent de prendre un corps mort devant leurs bureaux. Nous exécutons la manœuvre et nous rendons ensuite dans les locaux pour gérer les détails bureaucratiques. Gros malentendu, ils n'acceptent pas les bateaux autres que ceux de leurs socios... C'était bien la peine de nous causer dans le poste et de nous faire prendre cette bouée. Nous repartons un peu énervés vers la deuxième marina de Rio dite "Marina da Gloria". Des marineros nous aident à accoster un ponton tout neuf. La marina sent le neuf partout, une sorte d'immense palais des congrès est même toujours en construction. Accueil au secrétariat sur-climatisé, photocopie des papiers d'identité, des papiers du bateau, ... Et enfin, vient l'annonce du prix : 15R$ par pied -environ 4€-, donc pour nous près de 130€ par jour. Rires d'abord jaunes, puis rires francs de moquerie en se demandant si un instant il est possible de rester sérieux face à un tel tarif. Sachez que parfois l'accueil est gratuit, souvent nous payons entre 12 et 20€ et rarement nous payons 40€. Jamais de la vie nous ne payerons 130€ pour un carré d'eau de 10m sur 3,5m. Nous partons donc franchement énervés de cet endroit d'américains et décidons de traverser la baie pour aller au Iate Clube de Charitas.

Ce club est ne sorte de complexe de loisir avec tennis, piscine, sauna, hammam, restaurants, bars, artisans pour réparer tout sur les bateaux, shipchandler directement dans la marina, ... Ils nous demandent 88R$ -24€- par jour pour les trois premiers, puis 30€ pour les 4 suivants. Bref, c'est le top surtout qu'un ferry -appelé le "catamarane"- fait la navette tous les quarts d'heure avec le centre de Rio. Nous amarrons donc Avalon, il est 15h, parfait ! Le temps de prendre connaissance de l'endroit, de dîner, ... nous nous couchons satisfaits.

À l'accueil, un besoin de traduction Anglais vers Portugais nous positionne au centre d'une discussion téléphonique entre le coach Allemand de l'équipe olympique Turque de Lazer Radial. Ainsi nous nous retrouvons à essayer d'organiser avec le club leur venue prochaine en vue d'entrainement pré-olympiques. Grosse pression pour nous et nouvelle responsabilité ;-) Allez les Turcs \o/

Mercredi, nous sommes partis en excursion touristique "de base" à Rio. Ferry, puis recherche d'un bus pour atteindre le Christ Rédempteur. Pilou qui est déjà presque bilingue en Portugais nous dégote le troncal 8 et nous arrivons au pied du Corcovado. Grimpette en train, discussion discrètes car l'endroit est truffé de touristes français, génuflexion devant la grande statue, ... nous bénéficions d'une vue générale de Rio, et nous repérons l'hippodrome.





Ensuite, nous partons à Copacabana. Le temps est devenu deauvillais. Il pleut presque, il y a beaucoup de vent, la plage est vide mais nous déjeunons tout de même et Pilou se fait agresser par un tatoueur compulsif qui lui dessine une sorte de soleil sur le biceps -petit biceps, petit soleil. Nous nous rabattons finalement sur le centre ville pour acheter un ordinateur. Belle opération, nous pouvons rentrer au bateau fourbus. Dernier tour de piste au bar de la marina et dodo.


Jeudi matin, Pilou repart à Rio car nous ne disposons pas de la bonne prise pour charger le nouvel ordinateur. D'autre part, il faut gérer un check-up de notre alternateur moteur qui est déficient depuis quelques temps. L'ordinateur est finalement entièrement réinstallé dans l'après-midi tandis que l'alternateur donne du mal au spécialiste qui reviendra le lendemain. Imaginez comme il est compliqué pour nous de comprendre un mécano brésilien qui nous explique ce qui ne va pas avec l'alternateur... Déjà en Français c'est impossible alors en Portugais nous ponctuons ses phrases par des "sim" bien sonores et éclatons de rire à chaque fois qu'il tourne le dos car nous n'avons rien compris...
Vendredi, l'alternateur est remis en place et parait réparé. Impossible de comprendre ce qui a été fait ou non fait. Nous empruntons une perceuse afin que Pilou suspendu dans le mât, puisse faire un trou dans ce qu'il nous reste de rail d'enrouleur et mettre en place une vis qui viendrait coincer le morceau de plastique qui protège l'étai du bord tranchant du rail et qui a tendance à se faire la malle. Si vous avez survécu à cette phrase, vous n'avez malgré tout sûrement rien compris, imaginez juste le lombric suspendu dans le mât qui joue de la perceuse. Palpitant.

Nous réinstallons ensuite le génois qui s'était affalé tout seul deux ou trois jours avant l'arrivée à Ilha Grande. La tête du génois avait été décousue et nous avons dû jouer les couturières pour réparer. Dorénavant tout est remis en place, nous espérons pouvoir atteindre rapidement les Antilles dans cette configuration.


Aujourd'hui c'est mariage au club. Nous allons essayer d'être invités ;-) Demain nous projetons d'aller aux courses et de repartir de Rio lundi ou mardi afin de faire du nord et d'atteindre la marina de Jacaré à côté de Jao Pessoa puis Cayenne en France !

La bonne bise,

Pilou et Driou

jeudi 21 avril 2016

De plus en plus chaud !

message très court car il manque plein de touches sur le clavier de l'ordinateur...

Trois jours que nous naviguons dans du tout petit temps. Trois jours pour faire 150 milles nautiques...

Il nous en reste un peu plus pour atteindre la baie de Ilha Grande. Nous espérons être dimanche. À priori nous allons nous retrouver dans un décor paradisiaque again !

Ensuite ce sera Rio et peut-être la réparation de l'ordi...

LBB,
Pilou et Driou,

Position : 24°33'40"S 46°45'46"W
Vitesse : 4 nœuds
Cap : 70°
Vent : 0 nœuds
Météo : chaud, chaud, chaud
Mer : lac léman
Chemin parcouru : 150 milles
Chemin restant : 160 milles

lundi 18 avril 2016

Mât réparé !

Quatre jours déjà que nous sommes à Joinville. Pour arriver ici c'est plutôt simple : plein nord puis à San Francisco tourner à gauche... Bizarre !



Mercredi soir, nous sommes donc partis comme prévu d'Itajai pour rejoindre Mister Günther à Joinville afin d'effectuer les réparations de l'étai. Départ de nuit de la marina d'Itajai, ils ont eu du mal à nous faire payer : des trois appareils dont ils disposaient aucun ne fonctionnaient...

Nuit au moteur pour parcourir un peu plus de 65 milles plein nord jusqu'à l'entrée de la baie de Babitonga et ... San Francisco. Après SF, comme nous n'avions pas la carte nautique du coin, nous avons attendu que Günther vienne nous chercher avec son bateau à moteur et sa carte détaillée. Nous avons ainsi servi de remorqueur pour parcourir les derniers 8 milles nautiques.


Le jeudi après-midi est consacré aux formalités d'entrée dans la marina (qui nous offre notre séjour, chic !) et au démontage des pièces défectueuses. Günther reste avec nous pour dîner et fait venir son ami Moissier (que nous surnommons très rapidement Moitessier) pour jeter un œil sur l'alternateur du moteur qui fonctionne quand il a le temps.

Soirée au restaurant suivi des indispensables Cachaças.


Vendredi, Günther débarque avec le nouvel étai qu'il a reçu le matin même. Nous mesurons, nous coupons, nous vissons, nous sertissons, nous nous coupons, nous remesurons, nous inventons des solutions, ... il fait déjà nuit nous finirons demain.

Nous partons dîner dans un boui-boui proche de la marina et au retour c'est grosse fiesta sur les pontons. Nous sommes invités à boire des coups avec les locaux, banjo, tamtams, et adeste fideles ! La classique.

Il faut savoir que nous sommes au Joinville Iate Club, une sorte d'enclave pour millionnaires qui ont des bateaux à moteur tous plus grands les uns que les autres. Notre voisin de ponton, Commandante Pepedro, mesure 103,5 pieds soit 30 mètres. Jacu sur terrasse, personnel à gogo, jet-skis, tout le confort qu'on peut imaginer : ils l'ont. Les mecs disposent en plus d'hélicoptères, d'avions, ... Avalon Explorer est une sorte d'"attraction marrante" pour eux. Ils ne peuvent pas comprendre que nous ayons parcouru tout ce chemin sur un bateau de 10 mètres (ce qui est souvent la taille de leur annexe). Toute la journée sur les pontons les marins brossent les bateaux, nettoient, lavent, astiquent.... Et parfois, le patron arrive pour faire un petit tour d'une ou deux heures.

Le concept ici est : bateau d'américain, un max de personnel qui passe son temps à nettoyer et parfois une petite après-midi en mer avec des potes pour siphonner des bouteilles.


Samedi, nous finissons l'étai et le remettons en place. Nous avons donc dorénavant un étai qui mesure 12m64, avec un enrouleur amputé de la moitié de son rail... Espérons que ça tienne jusqu'aux Caraïbes où nous souhaitons pouvoir trouver un nouveau rail d'enrouleur. Le samedi soir, nous sommes invités à dîner chez Moitessier, la voisine passe faire un tour pour voir les "Français", les copines de la fille pareil.... Merci beaucoup Moissier, Célia, Carine, ... Günther et Héléna sont aussi de la partie.


Hier nous avons remis en place la voile, fini de réparer les toilettes pour Lucie, et nettoyé à fond le bateau.

Moissier et sa femme sont venus pour nous apporter des citrons, un chapelet, une mini bible, ... vraiment très charmants ces Brésiliens.

Puis Günther et Hélène sont passés nous chercher en fin de journée pour aller au supermarché et nous avons tous dîné à bord, Héléna nous a cuisiné un Caroterios (ou quelque chose comme ça) et nous avons suivi en direct à la radio le vote sur la destitution de tata Dilma. Nous avons comme l'impression qu'elle n'est pas super appréciée ici... Petite pensée pour la visionnaire Martine Aubry qui avait bruyamment applaudi son élection.

Ce matin, à 9h rendez-vous avec Gisèle, une consœur de Pilou. Interview des Français pour le canard local spécialisé : golf, nautica, hipismo ! Parfait ! Günther fait la traduction car notre portugais ne s'est pas encore beaucoup amélioré.


Nous prévoyons de partir à midi, premier stop à San Francisco deux heures après pour formalités administratives, puis cap sur Ilha Grande afin d'y passer deux ou trois jours, puis Rio en milieu de semaine prochaine.

Normalement, le bateau est au mieux maintenant.

La bonne bise,

Pilou et Driou

mercredi 13 avril 2016

3 jours à Itajai

Depuis trois jours que nous sommes arrivés à Itajai, nous sommes loin d'avoir chômé.
Arrivée dimanche dans un temps très chaud mais aussi très pluvieux, nous avons d'abord dû tâtonner pour rentrer dans la marina car le chenal n'est pas balisé jusqu'au bout... Deux ou trois échouages en douceur sur du sable par moins de deux mètres d'eau plus tard, nous avons mis pied-à-terre en fin de matinée accueillis par Leandro.

Première grosse difficulté : la langue. Alors que depuis six mois, nous nous efforçons de nous faire comprendre en espagnol, il faut dorénavant composer avec du portugais. Autant vous dire que rapidement Leandro est parti chercher de l'aide en la personne de Vannir qui a opéré la traduction simultanée anglais vers portugais. L'accueil est sympathique, Vannir est membre de l'équipe de voile locale et comprend très rapidement notre gros problème d'étai. Avec son coéquipier Guizmao, ils nous mettent en relation avec Orlando qui viendra dès le lendemain pour nous assister.

Nous siestons l'après-midi et sortons finalement pour acheter des cartes de téléphone à la station service à côté de la marina. C'est aussi l'occasion de découvrir les joies de la Cachaça 51 à 3€ la bouteille !

La marina d'Itajai est pleine de promesse, mais il y a encore beaucoup de boulot pour qu'elle ressemble véritablement à une marina. Le décalage entre la réalité et les maquettes présentes un peu partout est édifiant.

Lundi matin nous nous mettons au travail pour tout d'abord réenclencher le liston sur tribord. Ensuite, Pilou monte dans le mât pour débloquer la balancine de tangon qui s'est coincée sous les efforts de notre petite voile tempête et récupérer les pièces en tête de mât. L'après-midi, Roberto le boss de la marina nous accompagne à la Policia Federal pour les inévitables démarches administratives qui découlent de notre entrée sur le territoire d'un nouveau pays.

Pour la marine et la douane, nous devrons repasser car ils ne travaillent qu'entre 9h et 11h30 le matin...

En fin d'après-midi, Orlando débarque et devient rapidement une sorte de Saint Bernard pour nous et notre bateau. Nous analysons le problème : l'étai est sectionné au ras de la ferrure. Toutes les pièces "dures" sont encore accrochées en tête de mât, il semble que c'est le câble qui s'est usé ou corrodé. Usure qui nous semble vraiment anormale étant donnée que le gréement a été entièrement refait en juillet dernier... Orlando nous met en contact avec M. Günter qui est gréeur à Joinville à environ 70 milles au nord d'Itajai. Nous prenons les mesures et envoyons le tout à ce sieur.

Mardi matin, nous nous sommes rendus à la Marinha do Brasil pour déclarer l'entrée du bateau dans leurs eaux. Notre incapacité à parler avec les locaux nous aide car du coup ils font les papiers sans poser de question et nous rencontrons Dantas. Dantas qui voit que nous sommes un peu perdus en portugais nous prend dans sa voiture et nous emmène ensuite dans les différents bureaux de douane expliquant à chaque fois notre cas. Il faudra finalement y retourner mercredi.

En toute fin d'après-midi, alors que nous avons nous même réparé pas mal de petits trucs par-ci par-là, nous faisons venir un mécano pour faire la vidange de notre moteur et essayer de gérer une fuite. Ronaldo et son sbire ne parlent que Portugais, mais Dantas et Orlando sont venus pour faire la traduction. Ils retirent les eaux sales des fonds, détectent une petite fuite dans l'échangeur de chaleur et font la vidange. Le bateau est très animé en trois langues, ça fait plaisir de voir tout se monde s'agiter pour réparer Avalon. Orlando se charge de la négociation financière et, en insistant bien sur notre passage du cap horn, il fait baisser les prix ;)

Dantas nous a même apporté des cadeaux : casquettes, polo, tshirts, bloc notes, ... Nous abreuvons tout ce monde-là à coup de 51 !

Ce matin, nous avons conclu les procédures administratives et dorénavant, une fois que Ronaldo aura remis en place la pièce ressoudée de l'échangeur de chaleur, nous allons reprendre la mer direction Joinville et M. Günter. 15 petites heures de navigation pour ensuite faire réparer l'étai au plus vite -- peut-être une semaine.

Tout prend forme, il pleut beaucoup mais il fait chaud et nous sommes bien entourés.

Merci encore à Dantas et Orlando !

LBB,

Pilou et Driou










dimanche 10 avril 2016

jeudi 7 avril 2016

Avalon sous greement de fortune.

Schlaaaaaaaaackkkk, ça c'est le bruit de la drisse de génois qui lâche !

Mardi 5 avril, une mauvaise journée qui commence par de la pluie, des nuages partout, du vent dans le nez, ....
Plus tard dans la soirée, vers 2h30 du matin, le 6 avril donc, qui est une sorte de 5 avril mais en plus sournois, schlaaaaaaaaackkkk. Un bruit que l'on devine immédiatement étranger aux bruits normaux d'un bateau. On lâche son bouquin et on file voir ce qui se passe dehors. Dans l'ordre :

  1. le bateau est arrêté alors qu'il doit y avoir entre 15 et 20 nœuds de vent, bizarre
  2. le pataras -- haubans qui retient le mât par derrière -- est tout flasque, stupeur
  3. le génois et son enrouleur sont complètement dans l'eau sur tribord, horreur
  4. "Pilou, debout, on a un problème !", réveil en douleur

Tout le monde sur le pont, le mât est toujours debout. Hourra intérieur. Sécurisation de notre si beau et indispensable mât en tendant la drisse -- corde qui passe dans le mât et qui permet de hisser une voile -- de spi. On ajoute même la balancine de tangon tant qu'on y est. On a vraiment pas envie de voir le mât partir à l'eau. Enfin, on remonte le génois et l'enrouleur à bord.

Brainstorming, cigarette de réflexion, on essaie de comprendre.

Dans une mer un peu courte -- casse bateau diraient certains -- mais tout à fait manœuvrable, avec un vent soutenu mais vraiment pas dantesque, deux ris pris dans la grand-voile et génois déroulé entièrement, nous avons "cassé" l'étai -- câble en inox qui relie le haut du mât à la proue et tient aussi
l'enrouleur de génois. Le bout de l'étai qui est normalement relié au mât est dans nos mains, nu, sans aucune "ferrure". Bizarre. Nous avons du mal à reconstituer le scénario catastrophe, nous comprenons juste que nous sommes à plus de 200 milles des côtes, notre réserve de gasoil n'est en aucun cas
suffisante pour rallier au moteur un abris, il va falloir jouer serrer avec un mât branlant.

Tout de suite, nous revient en tête l'épisode de Valparaiso, où un problème similaire avait déjà failli nous arriver. Mais depuis à chaque escale -- sans exception -- nous montons dans le mât pour vérifier l'accroche de cet étai et à Buenos-Aires, nous avons même changé les rondelles et la chaveta --
l'épingle -- qui sécurise le tout. Donc pas de remords à avoir de ce côté-là. Limite un petit soulagement, car je me rappelle la petite voie intérieure qui me disait à Buenos, alors qu'une première montée dans le mât m'avait laissé quelques doutes : "laisse donc ça tranquille, on changera ça à Rio de Janeiro, ça peut attendre, ..." Pour une fois, nous n'avons pas procrastiné, nous nous en félicitons.

Évidemment, c'est parfaitement ce gros moment de galère que choisit un cargo pour venir nous raser en pleine nuit sans lune alors que nous sommes hébétés sous le choc et non-manœuvrants... La bonne trouille de bout en bout. Nous sommes bien à bord, de toute façon la radio est éteinte et nous ne savons même pas si nous avons assez de courant pour communiquer. Pas de PAN PAN, pas de MAYDE MAYDE, juste quelques minutes sans respirer.

Le lendemain au réveil, nous faisons toujours route vers l'est en nous éloignant des côtes donc, mais Pilou a pris le temps de bien consulter la carte et nous décidons que notre point d'atterrissage sera Itajai et non plus Rio. Ça nous fait économiser près de 300 milles, ce qui sous gréement de fortune
est très très bon à prendre.

Nous virons donc très précautionneusement et faisons route au nord-ouest pour atteindre notre nouvel objectif. Nous hissons aussi notre voile tempête en guise de foc pour pouvoir mieux remonter au vent que sous grand-voile seule. Nous plions le génois, rangeons un petit peu le bateau, et essayons d'analyser l'enchaînement qui aurait pu aboutir à une chute pure et simple du mât...
Toujours pas de réponse, sauf que nous réalisons que l'étai n'est pas cassé mais qu'il est sorti de sa ferrure, il n'est plus serti dans sa ferrure. Malfaçon du gréeur du Crouesty qui nous a tout refait avant que nous partions ? Coup de pas de chance ?

Toujours est-il qu'actuellement, tout est sécurisé, nous sommes à 250 milles d'Itajai que nous espérons atteindre en fin de week-end ou lundi et qu'il va nous falloir trouver un gréeur pour refaire l'étai et réparer l'enrouleur. Le mât couine, grince, tremble, se secoue, secoue le bateau... chaque vague est un supplice, mais nos drisses semblent tenir le coup. Nous faisons route sous voilure très réduite, à vitesse très réduite.

Comme un pied de nez à ces arias, nous recommençons à rencontrer des poissons volants. Hauts les cœurs.

Pensons bien à vous,

LBB,
Pilou et Driou,

Position : 31°12'27"S 48°56'44"W
Vitesse : 4 nœuds
Cap : 0°
Vent : 8 nœuds du 250°
Météo : nuageux
Mer : qui se calme
Chemin parcouru : 519 milles
Chemin restant : 258 milles

PS : grosse pensée pour Papi "on répare et on se retrouve en Bretagne. Remets toi bien."

lundi 4 avril 2016

Dario, are you serious t'es serious ?

Dario, notre mentor pour cette étape, nous laisse espérer dans sa chanson une route belle et ensoleillée pour "aller à Rio". Mais non, trois jours que nous sommes sous les nuages voire sous la pluie. Si bien que nos batteries, qui arrivent en toute fin de vie, ne sont plus chargées par les panneaux solaires et ainsi nous sommes obligés de barrer. Sale histoire !

Samedi, la pluie. Le vent est là c'est déjà ça. Pour une fois nous sommes contents de le trouver presque en face de nous, car, comme les plus assidus d'entre-vous le savent déjà : notre bateau barre tout seul au près. Dans la nuit, ce n'est pas la même, le vent adonne -- il passe progressivement derrière nous -- si bien que notre barre amarrée ne sert plus à rien et nous devons passer notre quart à la barre... Et dire que certains pensent que nous sommes en vacances.

Hier le soleil est revenu un peu ce qui nous a permis d'emmagasiner un chouillat d'énergie pour la journée puis la nuit.

Malgré tous ces très mineurs ennuis nous avons égalisé notre record de distance en 24h hier avec 150 milles au compteur. Six nœuds et demi de moyenne sur 24h : bravo Avalon Explorer.

Notre route à 30° ou 40°nous permet aujourd'hui d'apercevoir la côté brésilienne. Nous sommes en effet à environ 5 milles nautiques de cette côte. L'effet est saisissant, car comme nous n'avions pas de jus, nous naviguions sans ordinateur depuis trois jours et donc sans carte ni position. Notre estime --
aidée par le GPS du téléphone de Pedroch-Yvoch ;) -- n'était pas mauvaise, il faut continuer sur cette route ! Donc, nous voici au large de Pelotas -- esprit trivial qui nous lit nous devinons ce léger sourire sur tes lèvres, Lucas ta prochaine destination de vacances -- et cette langue de terre qui
sépare l'océan de la lagune du Patos semble être une vaste étendue de sable blanc avec des pins. Si le soleil se faisait plus présent nous aurions presqu'envie de nous arrêter pour quelques heures ; surtout que l'eau dépasse maintenant allègrement -- jeu de mot pour ceux qui sont devant une carte --
les 23°C.

Toujours pas de thon dans la cambuse, mais depuis le départ nous naviguons dans moins de 40 mètres de fond -- depuis Puerto Madryn même il n'y a pas de fond -- et nous pensons que les gros poissons que nous recherchons se trouvent dans plus d'eau. Ce sera pour plus tard. Le pâtes et le riz sont ressortis de la cambuse, il est déjà loin le temps des poulets rôtis et autres "un tian vaut mieux que deux tu l'auras" préparés par Martin !

Moins de 700 milles avant le Pain de Sucre, l'équivalent de 35 aller-retours Nevers-Saint Benin ! Dario, nous n'oublierons pas de passer là-haut.

LBB,

Pilou et Driou,

Position : 31°44'04"S 51°17'53"W
Vitesse : 5 nœuds
Cap : 20°
Vent : 9 nœuds du 60°
Météo : beau temps mais nuageux
Mer : plate
Chemin parcouru : 466 milles
Chemin restant : 683 milles

PS :
Nos poissonnets d'avril d'il y a trois jours nous ont permis de faire un petit clin d'œil à M. Arsenault qui n'oublie jamais de nous encourager par des petits sms sur notre téléphone satellite (http://messaging.iridium.com numéro 8816315588719) et à Mme Guez -- Tante Anne ou "tata" pour la moitié de l'équipage -- qui s'intéresse de très près aux techniques de pêches sud américaines.
Comme pourra vous le confirmer Emmanuel, nous avons croisé à un peu plus de 200 milles des côtés argentins, eaux internationales obligent -- supputations de notre cru --, des gros bateaux de pêche de plus de cent mètres de long avec une façon très très particulière de pêcher : ils sont équipés sur les flans de plusieurs dizaines de "cannes à pêche moulinets" qui tournent sans arrêt en faisant plonger et remonter des lignes que nous pensons pleines de leurres et d'hameçons. Depuis que nous longeons les côtés brésiliennes, nous croisons surtout des petits bateaux environ 15 mètres qui pêchent toujours à 2 côtes à côtes... Quoiqu'il en soit, leurs différentes techniques doivent être meilleures que la nôtre. Sauf celle des malheureux Chinois. Sur google "lefigaro gardes côtes argentins bateau de pêche chinois"
L'AJA jouait vendredi dernier face à Lens... Où en est-on de la remontée ?
Qui de Victor ou Suzanne a sorti sa première dent ? Basile a comme excuse d'être parti avec quatre mois de retard.
Abdesalam a-t-il craché la valda ?
La "loi de modernisation du travail" est-elle déjà dans les oubliettes de l'histoire ou Hollande a-t-il réussi à trouver un consensus pour encore épaissir le biblique code du travail français ?
L'USON qui gagne match sur match va t'elle jouer l'an prochain en Pro D2 ?
Tietienne lit-il enfin nos emails, messages facebook et autres pneus, telex, fax, messages téléphoniques, télégrammes ?
Comment Jibou combat-il sa couvade ?
Pâques sans Thibault à Beaune fût-il un moment de profondes interrogations pour Mme Pascale G ?
Oncle Jean-Eudes a-t-il apprécié le dessert préparé par Martin et Florentin par l'intermédiaire de leur maman ?
Amis éleveurs, où en êtes-vous de vos poulinages ?
Constance a-t-elle dépassé les 45kg ?
Astrid, Camille et Lucie, êtes-vous vraiment sûres ?
Jessy et Ivan vous prenez les rendez-vous à Parati ?
Simon et Adriana, télénovela du nord de Paris, vont-ils nous rendre visite ?
Vianney et Ptitou avez-vous pris vos billets ? Aude et Caro, même question !
Les brubru venez donc essayer de poser un sabot sur notre beau bateau dans les eaux bleues de Martinique.
L'homme nouveau de Pelissanne, roi de l'omelette matinale, a-t-il réussi ses endives au jambon ?
Qui de Lucie ou Jibou taggera le plus de potes cités dans ce message sur Facebook ?
Today, le PS est presque plus long que le reste du message, pour la prochaine fois nous intervertirons ça fera plus sérieux.

vendredi 1 avril 2016

Don't cry for us Argentina

Ça y est, nous avons repris la mer. Enfin la mer... sur les deux jours de navigation que nous avons déjà effectués, comptez au moins 36 h pour sortir des eaux boueuses et douces du Rio de la Plata. Donc en gros, nous naviguons sur l'océan depuis très peu de temps.

Nous avons pu partir mercredi peu après un déjeuner copieux chez Ronald, et surtout après s'être fait balader entre la prefectura naval et les services de l'immigration. Nous avons été envoyés dans une salle d'attente avec environ 300 personnes pour faire tamponner nos passeports.. Heureusement, il s'agissait d'une méprise, un bureau spécialisé nous attendait et nous avons pu régler tous ces détails en une petit matinée.

La navigation reprend son cours, par "quarts" de 8h dans un vent désespérément contre nous. D'après Jean, cela devrait continuer encore au moins une semaine. Espérons rapidement retrouver un régime plus favorable pour une navigation plate et rapide.

Nous avons pu remplir la cambuse de bonnes choses à Buenos Aires, ainsi nous nous nourrissons pour le moment grâce au bon pain offert par Pierre et de fromages et de saucissons. La vraie vie de patachons.

Les lignes sont reparties à trainer derrière le bateau, nous comptons beaucoup sur le leurre de Jibou, qui a déjà à son actif un requin et un thon, pour suppléer la charcuterie d'ici quelques jours.

Escomptons encore une petite quinzaine de jours de navigation.

LBB,

Pilou et Driou,

Position : 35°13'00"S 54°11'41"W
Vitesse : 4 nœuds
Cap : 80°
Vent : 12 nœuds du 35°
Météo : beau temps
Mer : calme
Chemin parcouru : 203 milles
Chemin restant : 942 milles

PS :
M. Arsenault, il faudrait que vous décaliez vos billets de quelques jours vers la mi mai pour nous rejoindre à Cayenne, comme nous l'avons précisé dans notre tableau d'itinéraire prévisionnel
Tante Anne, comme vous nous l'avez demandé, nous avons abordé un bateau de pêche industrielle chinois dans la nuit pour recueillir une interview que nous publierons dans un prochain post. Ce fût risqué, regardez sur google en tapant les mots clés suivants : lefigaro garde côtes argentins bateau de pêche chinois